Crowdfunding, aides publiques et nouveaux modèles de presse en ligne : quelles solutions ?

A vos carnets et vos Google Agendas !

La semaine s’est caractérisée par le lancement de L’Opinion, un nouveau journal qui fait le pari du bimédia papier / web, l’annonce (ou fausse annonce…) un peu moins enthousiasmante de la confirmation de la récession accompagnée de la baisse des allocations pour 15% de foyers français… L’Etat est de plus en plus à sec, les entreprises sont moroses, les coups de gueule se multiplient concernant l’utilisation de la précieuse manne publique et surtout sur le positionnement des médias recevant de l’aide publique.

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Y a-t-il vraiment une manne d’ailleurs et à qui profite-t-elle ? Comment est-elle attribuée et comment contribue-t-elle à aider l’entrepreunariat et l’innovation numérique ? Qu’en est-il alors de la raison d’être de la presse, sa déontologie, sa fonction de contre-pouvoir et son autonomie ?

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C’est un sujet que le Social Media Club abordera mercredi prochain en s’interrogeant sur le statut particulier de la presse, notamment en ligne, à l’heure où des Mediapart, des projets crowdfundés émergent et tentent de diversifier leur business model pour se financer.

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2 tables rondes et 1 dataviz en direct conçue par l’Open Knowledge Foundation auront lieu.

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Les invités : délégués politiques, députés et syndicats de la presse, spécialistes universitaires, Le Kiosk, L’Equipe 24/24

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L’inscription se fait ici et vous pouvez utiliser ce code de réduction pour assister à l’événement gratuitement : MISC2205.

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N’hésitez pas à lire le très bon article d’introduction du spécialiste des médias et de la presse Erwann Gaucher :

« Un demi-milliard d’euros dépensés pour aider la presse et pourtant, elle continue d’aller mal. Un système jugé obsolète et peu incohérent dans le rapport de Michel Françaix, l’un des invités du débat de la semaine prochaine : l’Etat doit-il financer la presse ? »

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Vous pouvez d’ores et déjà poster vos questions sur Twitter avec le hashtag #SMCF. Un beau débat et des questions essentielles donc j’espère vous y croiser !

Les liens du reste du monde : Etsy, Apple, Skype, cyberguerre et hack

1. [COMMERCE & SOCIAL] « The ‘Etsy Economy’ and Changing the Way We Shop »

Comment Etsy, la plateforme de e-commerce entre petits artisans et afficionados du vintage et du hand-made (25 millions de membres, 200 pays), s’allie aux communautés locales pour créer des ateliers de formation au commerce (des bonnes pratiques jusqu’à l’accompagnement dans la création d’une boutique en ligne). Pourront notamment en bénéficier : des lycéens et des habitants de logements sociaux.

« Une économie façon Etsy est une économie centrée sur les gens et sur un commerce interpersonnel. C’est une démarche similaire à celle qui consiste à aller faire ses achats directement chez un fermier ou un producteur au lieu d’aller au supermarché. […] Nous voulons sensibiliser l’écosystème du retail au sens large à cet ethos. »

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2. [EDUCATION & SOCIAL] « Oxford cambia sus normas de admisión y no exigirá demostrar medios económicos »

La prestigieuse université d’Oxford modifie ses règles d’admission suite à une plainte pour discrimination basée sur la richesse des candidats. Le processus d’admission requérait (évidemment) un excellent dossier académique mais aussi la garantie financière que l’étudiant pourrait non seulement payer la scolarité (environ 10 000 livres car les étudiants doivent aussi payer le « college » auquel ils sont affiliés et où ils résident) mais aussi témoigner d’un certain niveau de vie pendant la durée de ses études. L’université devrait donc revoir sa procédure d’admission.

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3. [VIDEO / DIGITAL LIFE] La vie numérique en Estonie via  « Estonia: life in a networked society »

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4. [JEU / POLITIQUE] « Sweatshop HD is the latest victim in Apple’s war on serious games » 

Une fois n’est pas coutume, Apple fait une nouvelle fois montre du verrouillage de son système en rejetant de l’AppStore un jeu sérieux familiarisant les joueurs avec les modes de production des « ateliers de misère » (ou sweatshops) d’où proviennent beaucoup de vêtements des marques occidentales. Pas si étonnant quand on sait qu’Apple a souvent été accusé d’avoir recours à ces ateliers, notamment en Chine avec son partenaire Foxconn (vous pouvez voir un reportage vidéo d’Envoyé Spécial sur le sujet ici ou un article d’investigation du Monde Diplomatique ici). L’annonce expliquant la décision de bannir le jeu a de quoi laisser perplexe quant à l’évolution de la mentalité d’Apple concernant la culture digitale : selon les guidelines de la marque, si vous voulez faire de la critique sociale, écrivez un livre, mais pour Apple, le jeu vidéo n’a pas pour vocation de faire réfléchir sur la société.

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Le joueur selon Apple.

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La réalité.

5. [POLITIQUE] « For first time, US military says it would use offensive cyberweapons »

Depuis que le ton monte (doucement) entre Washington et Pékin (cf les prises de parole d’Obama accusant la Chine de sciemment « sponsoriser » des cyber-attaques visant les USA), il semblerait que les gouvernements prennent enfin conscience de l’ampleur du problème et décident littéralement de monter au front. Les USA auraient par conséquent décider de préparer la contre-attaque avec une équipe de… 13 personnes :

« ‘Je voudrais clarifier le fait que cette équipe, rempart de la nation, n’est pas une équipe défensive’, a expliqué Alexander, qui dirige à la fois la National Security Agency et le Cyber Commandement […] ‘C’est une équipe offensive qui serait appelée à agir pour défendre la nation si celle-ci était attaquée dans le cyberespace. 13 personnes de cette équipe que nous avons créée sont entièrement dédiés à cette seule mission.' »

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6. [RESSOURCE RECHERCHE] Liste de 28 conseils et formations en social media pour des chercheurs, composée par l’Université de Warwick (via Antonio Casilli)

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7. [EMISSION DEBAT / POLITIQUE] « The rise of the global South »
D’ici 2030, 80% des classes moyennes dans le monde se trouveront dans des pays en développement. L’Amérique latine devrait tirer son épingle du jeu, notamment en matière non pas seulement de croissance mais de développement humain. Aljazeera (en anglais) pose la question suivante : à l’heure où les politiques de pays développés, en pleine tourmente financière et sociale, paupérisent leurs classes moyennes, que peuvent apprendre ces pays des mesures prises par les pays en développement en matière de lutte contre la pauvreté ?

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8. [CROWDFUNDING] « Les Hackers dans la Cité Arabe » : un documentaire collaboratif

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Ce projet, à l’initiative de deux femmes ayant déjà écrit sur la culture du hack (« Hackers, bâtisseurs depuis 1959 ») dont  une ancienne d’OWNI, se décrit ainsi :

« Hobby de la classe moyenne dans nos contrées aisées, le hacking est une nécessité vitale dans d’autres zones. Sur les ruines des dictatures et des guerres fratricides, des hommes et des femmes tentent d’apporter leur pierre à la reconstruction de leur pays. Système politique, éducatif, infrastructures, tissu économique de demain, les chantiers sont à la mesure de leur curiosité inlassable. »

L’enquête se fera à Beyrouth, Baghdad, Tunis, Le Caire, l’Algérie et le Maroc. Comme de coutume avec ce type de projet documentaire et journalistique « digitalo-collaboratif », vous aurez du texte, du son, de l’image, de la vidéo et des tutoriels des projets. Il reste 12 jours et il manque à peu près 6000 euros pour ce projet qui s’intéresse pour une fois au hack dans une perspective de reconstruction dans une zone absente des médias en dehors des images chocs de la guerre. Vous pouvez retrouver leur blog ici.

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10. [TRAVAIL] « The differences between work cultures found in eleven countries »

Article du site Deskmag (spécialisé dans le coworking) sur un travail de recherche (« Culture Code » – Steelcase) analysant les modes de fonctionnement dans différents espaces de travail dans le monde. Cette recherche s’appuie sur la pensée d’Edward T. Hall en anthropologie socioculturelle : il avait notamment développé le concept de « proxémie » pour observer les effets de distance corporelle dans les interactions au sein de différents groupes socioculturels dans le monde. La recherche a abouti à la modélisation suivante mais ce n’est pas tout. La partie « consultative » de la recherche et l’argument de la note de Deskmag, se focalisent sur la configuration physique des espaces de travail, et plus spécifiquement sur des formes émergentes telles que le coworking.

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La mobilité et le nomadisme des employés sont pour l’instant davantage proposés / acceptés en Allemagne, Hollande et aux USA. En France, Espagne et Chine, le système managérial est basé sur le contrôle et non pas la confiance. Or, la confiance mène à la collaboration et les systèmes « autoritaires » qui acceptent peu le facteur d’incertitude (« tolerance to uncertainty »), n’encouragent pas des configurations collaboratives (avec par exemple un partage de l’information spontané).

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9. [EDUCATION] « 10 Ways to Start Using Skype in the Classroom »

Si Skype est effectivement un moyen d’introduire du digital dans les classes, parfois il s’agit simplement d’un outil de télétravail pour « arranger » certains profs (#vécu) mais pas spécialement pour engager une forme globale d’éducation. La liste, vous le verrez, se focalise sur la possibilité de communiquer avec d’autres étudiants du monde entier, d’encourager des collaborations transnationales (tutoring, accès à des experts…), ce qui rejoint la mission d’ouverture des horizons des enfants (et pas simplement de les former à la pratique professionnelle de la conf-call…). Le tournant avec ce point de vue : passer de la transmission d’un savoir-faire ou de l’outillage technologique, à l’apprentissage d’un savoir-être dans un monde contemporain digitalisé mais surtout globalisé. A quand les Google Hangout avec des classes de tous les continents ?

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[Social Media] Pinterest, Google Hangout, du SM en événementiel et un very zombie bonus

Petit tour d’horizon des stratégies social media en retail (Anthropologie, Lush, Marlette…), un petit cours de Pinterest, illustration d’une utilisation de Google+ Hangout avec le New York Times, naissance de l’agence Ondine de couverture social media d’événements, et un bonus vidéo.

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Crowd-powered: « I Like Cinema », les petites salles contre-attaquent

I Like Cinema est un projet collaboratif permettant à des internautes de programmer une séance de cinéma dans une salle partenaire.

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Concrètement, un utilisateur crée ou rejoint une séance d’un film appartenant au répertoire du site. Si suffisamment de personnes s’inscrivent à la séance dans un temps donné (une semaine par exemple), la séance a bien lieu. Le système est basé, comme sur les plateformes de crowd-funding, sur une option d’achat, c’est-à-dire l’enregistrement de vos données bancaires pour l’achat d’une place de cinéma et votre carte n’est débitée que si la séance est validée.

Du point de vue local, c’est une initiative qui a du sens car elle œuvre à générer une meilleure attractivité des petites salles. Pour l’instant ces salles sont au nombre de sept et se situent à Paris pour quatre d’entre elles, les autres sont situées en banlieue parisienne et une près de Bordeaux. Ces petites salles, comme celles du réseau Le Chaplin, ont aujourd’hui besoin de se diversifier et de sortir des sentiers battus des grandes chaînes (Gaumont, UGC…), en privatisant les salles, en proposant une programmation plus large avec moins de créneaux par semaine, ou avec une offre plus spécifique (art et essai, documentaire, formats courts…), voire parfois en créant des événements spéciaux (karaoké par exemple). Le concept de ILC, de « cinéma à la demande » permet de rentrer dans une logique de différenciation d’une offre sur-mesure, à plus petite échelle, en misant sur une consommation collaborative, en impliquant les individus autour de cette mobilisation pour mener le projet à bien (remplir la salle). L’intérêt n’est pas seulement de créer une séance où inviter ses amis mais aussi et surtout de rencontrer d’autres personnes par ce biais.

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Quelques remarques sur cette beta:

Concernant l’offre de films, il y a un catalogue pré-établi. Le panel est honnête mais sans plus – ce sont souvent des films qui sont sortis il y a quelques mois ou des films qui n’ont jamais été accueillis dans un cinéma, ce qui est louable, mais pas exactement différent de l’offre qu’on peut trouver dans des petites salles projetant des films « en différé » de la programmation des grandes chaînes type Gaumont et UGC.

D’autres bémols: le prix du billet (8 euros pour la séance que j’ai voulu acheter) me parait un peu élevé. Dans la même logique, vu le niveau d’implication et surtout d’effort requis pour programmer une séance (motiver les gens, trouver un film suffisamment attractif pour ne pas le regarder directement chez soi et surtout le critère délai / coût) j’aurais tendance à penser qu’il vaudrait mieux vendre une double séance, thématique  par exemple, pour 8 euros. Je pense notamment aux séances des midnights movies par exemple ou des matinées pour les enfants où le public est généralement plus restreint, sur invitation ou par bouche à oreille, et où la projection est plus « animée », plus conviviale. A mon sens on peut effectivement juste avoir envie de voir un film ou un documentaire qui n’est pas passé dans le circuit traditionnel, mais je pense qu’il y a une véritable opportunité pour plus de flexibilité et d’inventivité sur cette offre à la demande pour aller vers un modèle de consommation collaborative plus humaine et ludique tel qu’il est prôné dans le DIY /projets crowd.

A titre d’exemple, les projections de Secret Cinema en Angleterre, ces événements qui proposent d’acheter un billet « à l’aveugle » (sans connaître le nom du film), en donnant rendez-vous aux acheteurs à la dernière minute dans des lieux transformés en décor thématisé autour de l’univers du film caché, misent surtout sur les animations avant, pendant et après la projection. Le film n’est pas accessoire mais l’individu paye surtout pour l’expérience offerte autour du film en question et qui permet de le présenter autrement (déguisements, atmosphère et animations sur place, etc).

Toujours dans le cas de Secret Cinema, l’événementialisation avant le film, qui elle est gratuite, se fait largement en ligne et parfois par le biais d’autres médias partenaires (radio). L’identité du film est suggérée plusieurs semaines avant la projection par le biais d’énigmes communiquées prioritairement par emails, mais aussi par des sites créés sur mesure, des jeux de piste organisés dans l’espace public et par le recours aux réseaux sociaux. Cela permet de justifier le prix de l’expérience, qui va au-delà du prix de la seule projection et de recruter en ligne de nouvelles personnes pour remplir les séances / événements qu’il faut tout de même amortir vu le coût engagé (décors, animations sur place, etc). L’objectif réalisé est de remettre l’expérience collective au centre de l’offre (aller au cinéma, mais autrement).

Le projet I Like Cinema a cela dit une vraie utilité de redynamisation de l’offre des salles indépendantes, en diversifiant aussi les choix qu’on peut avoir lorsque l’on veut aller au cinéma. On peut notamment apprécier le fait de pouvoir découvrir de nouveaux films, de moins subir la programmation parfois éclair des nouveautés en grandes salles, et de rencontrer localement d’autres curieux.